[Libre] Pierre qui roule risque fort de te retomber dessus

Pierre qui roule risque fort de te retomber dessus

Abiah Timutit ft. LIBRE

Lorsque l'on vendait allègrement les pays du Nord aux touristes, il s'agissait en réalité d'en vanter les paysages et les grands espaces, la neige blanche et les fjords/champs/forêts/lacs (rayez les mentions inutiles), l'air pur et autres beautés quelconques que nous offrait Mère Nature. Le seul truc qu'ils ne mentionnaient pas dans leurs images pleines de soleil éblouissant sur la neige pure était le froid. Et ce jour là, Merlin qu'il faisait froid !
Bien évidemment, par rapport aux hiver gelés du Groenland, il ne faisait pas SI froid. Mais cela ne voulait sûrement pas dire qu'Abiah allait sortir ce jour là en tenue d'été, sans une épaisse couche de crème solaire sur le nez. Et en ce divin moment, elle ressemblait plus à un animal sauvage inconnu qu'à une humaine aux membres distincts.

Il fallait dire, tout de même, que la tenue réglementaire n'allait pas à tout le monde, la fourrure épaisse ayant l'avantage de tenir chaud et l'inconvénient pour Abiah de lui donner l'air d'un rongeur particulièrement gros, telle une énorme frikadellen couverte de poils. En ce samedi matin sans cours, la jeune femme se baladait donc avec cet accoutrement 'un poil' ridicule, cherchant un moyen de s'occuper en dépit de l'ombre de grasse matinée qui aurait pu être possible. Aurait pu, si son estomac n'avait pas crié famine à neuf heures passées, remercions les fonctions vitales. Une fois le brillant cocktail (poisson-patates) de petit déjeuner avalé en moins de temps qu'une licorne ne se faisait chopper par des magibraconniers sans scrupules, Abiah s'était donc dirigée dehors, dans ce satané parc où on se caillait allègrement les miches grâce à un merveilleux soleil qui ne chauffait pas. Ambiance.

Mais il fallait donc qu'elle fasse quelque chose ! Qu'elle bouge, qu'elle évacue le surplus de protéines de sa foutue morue séchée. Et c'est ainsi que pour l'horreur de la plupart des (rares) élèves encore dans le parc à cette heure (et non dans leur lit ou au petit village) virent bouger la frikadeller-à-fourrure-Abiah, en quête d'une chose à faire. Arracher des plantes ? Aider à nettoyer les vitres des serres (au moins il y ferait chaud). C'est alors que son regard se porta au loin, tel Gilderoy Lockhart, homme fameux pour son sourire retouché à la baguette et pour ses escroqueries de masse quelques décennies plus tôt (il avait eu ses fans dans le Nord, bien évidemment, mais pas plus que le célèbre Cornelius Vägnstrom, qui avait écrit la trilogie très reconnue où un Auror cherchait désespérément sa femme tuée par de la magie noire mais bref). Des cailloux.

Il fallait entendre les petits angelots, à ce moment précis, qui attirèrent vers les précieux reliquats minéraux la jeune fille, tel un dragon attiré par un mouton. A la différence près qu'Abiah ne mangeait pas de cailloux. Non mais, soyons civils.

Un cailloux dans la main, l'eau en face d'elle et la lumière (ou presque) fut. Les ricochets commencèrent à fuser, avec cette délicieuse occurrence sonore de ploc et plouf annonçant les nombreux ratés. Là où tante Elska n'était pas là pour demander gentiment à sa petite-nièce d'arrêter de lancer des cailloux au risque de déranger des esprits de l'eau, où grand-mamie-danoise-au-troisième-degré-Marta lui demandait d'arrêter son bordel ses petites activités irritantes pour faire quelque chose de plus calme, ce qui devait arriver arriva.

Un modeste caillou dériva sa trajectoire avec une force plutôt enthousiaste. Et il ne fit pas ploc.